Crise du COVID-19, rebond économique et difficultés de recrutement en Belgique
En 2021, la reprise économique a été rapide mais le rétablissement de l’activité économique n’est que partiel, les disparités sectorielles ont été fortes en termes de reprise de l’activité, l’emploi des travailleurs moins qualifiés a baissé et l’intensité des difficultés de recrutement, elle aussi hétérogène d’un secteur à l’autre, a dépassé ce qui s’observe lors de chaque reprise économique.
Concernant ce dernier phénomène, ce numéro de Regards économiques élabore une brève comparaison entre le fonctionnement des marchés du travail belge, allemand et néerlandais. Un constat émerge sur la période 2018-2021 : si, après prise en compte de leurs tailles bien différentes, ces trois économies avaient autant d’emplois vacants, le taux de chômage belge serait nettement supérieur à celui des deux autres pays. Le taux de chômage est un concept souvent critiqué pour son étroitesse. Si l’on y substituait un indicateur alternatif de sous-utilisation de la main d’œuvre, l’écart entre la Belgique et les Pays-Bas fonderait, mais pas celui entre notre pays et l’Allemagne.
Ensuite, ce numéro de Regards économiques tente d’expliquer le constat fait au paragraphe précédent. La fréquence des entrées en chômage, plus élevée en Belgique que chez nos deux voisins, est un premier facteur explicatif. Les autres facteurs concernent la sortie du chômage. Une proportion plus grande de chômeurs de longue durée est défavorable à la Belgique. Des indicateurs, certes imparfaits, de formation initiale sont aussi défavorables à notre pays. La présence de plusieurs langues de travail se révèle également être un frein à un bon appariement sur le marché du travail. La distance géographique entre les demandeurs d’emploi et les viviers d’emploi est une autre source de préoccupation compte tenu de la hausse du coût du logement là où l’emploi se développe et des problèmes de mobilité. Les gains financiers en cas de reprise d’emploi demeurent assez faibles au bas de l’échelle des rémunérations en Belgique. C’est aussi vrai en Allemagne, mais moins aux Pays-Bas. Enfin sans chercher ici l’intensité du phénomène dans les trois pays, les attitudes discriminatoires compliquent aussi l’appariement dans le cas de demandeurs d’emploi d’origine étrangère.
Enfin, ce texte relève quelques réponses aux difficultés de recrutement. A côté de la préoccupation assez évidente de la formation initiale et continuée de notre population, nous attirons l’attention sur la possible réallocation des travailleurs qui sont sur-éduqués dans les emplois qu’ils occupent, sur la remise en question des conditions d’accès des étrangers à notre marché du travail et sur la capacité d’ajustement des rémunérations à des déséquilibres entre offre et demande sur le marché du travail. Comme les difficultés de recrutement concernent aussi des professions ne requérant pas de longue formation et que les moins scolarisés sont surreprésentés dans le chômage, la question d’un renforcement des obligations pesant sur les personnes indemnisées est légitime. Il nous apparaît toutefois que le cadre réglementaire actuel suffit à orienter les chômeurs indemnisés vers les métiers en pénurie et les formations qui préparent à les exercer.